Pesticides en Inde

HUMEN DOMINIQUE Par Le 17/11/2010

Inde : Haro sur les fruits et les légumes crus [Fr]

Yérinne Park

Aujourd'hui l'Inde (France)

Le 09-11-2010 (Publié sur internet le 16-11-2010)

 

Une récente étude menée sur les fruits et les légumes en Inde démontre l’usage abusif de pesticides dans les pratiques agricoles. Des mesures devraient être prises à ce sujet dans les semaines à venir.

Les fruits et les légumes crus seraient-ils toxiques en Inde ? Pour l’organisation Consumer Voice, basée à New Delhi, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Dans une récente enquête, l’ONG révélait que le taux de pesticides utilisés dans la culture de ces comestibles pouvait être 750 fois supérieur aux normes instaurées par l’Union européenne.

Comment les héritiers des meilleures pratiques alimentaires au monde ont-ils fait pour que nous soyons empoisonnés par tout ce que nous produisons et que nous consommons ? s’interroge Consumer Voice, en référence aux pratiques ancestrales de l’Ayurveda.

Risques pour la santé

Le poison en question se nomme principalement Chlordane, Endrin, Heptachor et Ethyl Parathion, soit quatre pesticides interdits par la loi mais toujours utilisés par les agriculteurs indiens. Ces pratiques illégales s’expliqueraient par le laxisme des agences gouvernementales, le manque d’information chez les agriculteurs, et, dans certains cas, un usage délibéré [de ces pesticides] pour des questions de coûts.

L’ONG met en garde contre les effets cancérigènes de ces produits chimiques, ainsi que leurs conséquences sur le système nerveux et immunitaire.

Irrégularités

Autre cible, la quantité de pesticides utilisés pour les cultures de ces fruits et légumes. Une analyse en laboratoire a permis de démontrer la présence abusive de certains pesticides comme le captan dans le gombo, ou lady finger en anglais (750 fois supérieur au taux maximum imposé par l’Union européenne), ou encore le malathion dans le chou-fleur (150 fois supérieur). En grande quantité, ces particules peuvent s'avérer nocives pour le corps humain.

Concernant les fruits, Sisir Ghosh, responsable de l’organisation, souligne l’irrégularité du processus : Nous avons remarqué que les fruits destinés à l’exportation respectaient bien les normes. Seuls ceux cultivés en vue du commerce intérieur souffrent de ces abus.

Eduquer le consommateur et le producteur

Quelle option dès lors pour le consommateur ? M. Ghosh cite des habitudes à prendre au quotidien : lavage consciencieux des aliments avec de l’eau potable, cuisson appropriée pour réduire au maximum les résidus de pesticides, ou encore, se tourner vers des productions biologiques.

Pour faire évoluer les pratiques agricoles, plusieurs solutions ont été mises en avant. L’éducation des agriculteurs et leur sensibilisation aux conséquences des différents usages de pesticides et la réévaluation des normes sanitaires instaurées par le ministère de la Santé s’imposent comme les principaux remèdes.

Le rapport cite également le renforcement des mesures répressives face à la loi sur la sécurité et les normes alimentaires de 2006, ainsi que l’usage des biopesticides.

Quelques jours après la publication du rapport, l’ONG se félicite déjà de la prise en main du problème par la Haute Cour de justice de Delhi qui a donné un mois au gouvernement de Delhi et au gouvernement Fédéral pour réagir face à ce sujet. Les risques pour la santé, qui se sont propagés comme une véritable épidémie, peuvent être éradiqués à la racine si des mesures sont prises rapidement, ont énoncé les juges en charge du dossier.

Yérinne Park pour Aujourd'hui l'Inde (France)